Nos cousins argentins de Pigüe

 

Marie Thérèse et Jean de Léojac nous ont raconté, dans une gazette et lors de l’Assemblée Générale de 2003, l’épopée des Aveyronnais à Pigüe, l’accueil formidable qu’ils avaient reçu là bas, et l’arbre généalogique élaboré sur place.

 Et, autre anniversaire le 4 Décembre 2004, était fêté le 120ème anniversaire de la fondation de Pigüe en Argentine au milieu de la Pampa, par 40 familles Aveyronnaises, dont Pierre Jean «Auguste» Cransac, né en 1850 et parti avec son épouse Marie Alauzet, et ses 3 jeunes enfants (Marie-Rosalie 6 ans, Adrienne 3 ans et Auguste Pierre 10 mois !!!), son beau frère Pierre Alauzet, et son demi frère Amans Verdier accompagnée de sa femme et de leur fille.  Cela fait 7,5% de ces émigrants et 9 personnes parmi les 160 pionniers de Pigüe.

Grâce à l’arbre établi par Thérèse et Jean, ont été identifiés au moins

  • 8 enfants pour Pierre Jean Auguste, un était né en Aveyron à Trémouilles, et mort en bas âge.

4 sont nés en Argentine. Parmi les 8, seulement 2 garçons Auguste Pierre parti à 10 mois (le seul garçon à avoir des descendants connus Cransac) et Gabriel Pedro, né à PIGUE en 1890, et dont nous n’avons aucune trace.

  • 10 petits enfants connus
  • 13 arrière petits enfants connus
  • descendants en quatrième génération
  • 14 descendants en 5ème génération

100 personnes figurent à ce jour dans la descendance de Pierre Jean « Auguste », mais  certainement au moins 200 existent ou ont existé, tant l’arbre est incomplet. Et des descendants s’appellent, Salinas ou Luque, patronymes d’origine espagnole, Cicconi, ou Silvetti, d’origine italienne, Maier, Reinsing, Werbach, d’origine germanique, Connell, d’origine Irlandaise, une vraie communauté européenne à Pigüe. Leurs ancêtres paternels sont le plus souvent arrivés par bateau.

En 1984, pour le centième anniversaire, près de 400 Aveyronnais, avec en tête Marc Censi, maire de Rodez, s’étaient rendus là-bas, pour de grandes festivités et un « Asado géant », ayant nécessité l’abattage de 80 bovins, avait été le clou de ces fêtes, un accueil inoubliable aux dires des participants.

La mairie de Rodez, pour le 120ème anniversaire, a organisé un mois argentin, du 16 Octobre au 12 Novembre 2004, avec en point d’orgue la venue d’une délégation hélas réduite de Pigüé, avec à sa tête le maire (intendente), Ruben Grenada (qui a des ascendants français au pays basque) et son épouse qui a des ascendants Calmels, ainsi que M et Mme Bros, qui ont tous deux des ascendants aveyronnais (Maria Bros, née Bras d’Aurelle Verlac, la seule à parler français). M. Bros était conseiller municipal et président de la coopérative apicole de Pigüe, l’Argentine étant le troisième producteur mondial de miel.

La situation de l ‘Argentine étant particulièrement difficile, la mairie de Rodez et le conseil général ont du financer le voyage des Grenada. Et nous espérons tous que 2005 apportera un peu d’amélioration en matière économique pour les Argentins et nos cousins de Pigüe.

Pour Marc Censi, maire de Rodez à cette époque, « les premiers Aveyronnais partis vers PIGÜE sont des héros mythiques », et il a particulièrement souligné « l’extraordinaire courage de ceux qui étaient partis à l’aventure totale en 1884, dans l’inconnu », avec les belles paroles de Clément Cabanettes qui leur avait quand même dit que s’ils le suivaient, ils deviendraient millionnaires, à 12 000 kilomètres de leur Aveyron natal, dans un pays totalement inconnu, dans l’hémisphère Sud, où ils arrivaient en Décembre avec un climat de juin, et sans compter la langue différente.

Poussés par des raisons économiques, déjà à l’époque, et alors que beaucoup partaient vers Paris, le phylloxéra « bête mange racines » arrivé en Aveyron 2-3 ans plus tôt, détruisit du côté de Saint Côme tout le vignoble, sur des terrasses aménagées durant plusieurs siècles, réduisant les paysans à la famine, il y avait 3000 hectares de vigne alors dans la vallée du Lot. Pour Pierre Jean Augute Cransac, à Arvieu et Trémouilles, il n’y avait pas de vigne et on ne peut que faire des hypothèses. On sait que Pierre Jean Auguste Cransac était le fils de Françoise Victoire Cransac au moulin de Cazottes et de père inconnu, et les «bâtards», comme on les nommait à l’époque étaient souvent rejetés par leur famille, alors partir pour fuir les « moqueries et tracas quotidiens, avec 3 enfants en bas âge, quel courage, et quelle aventure !!! Il fallait une « sacrée force de caractère », mais beaucoup de Cransac que j’ai connus depuis 4 ans n’en manquent pas.

Grenada a vivement remercié les Ruthénois et Aveyronnais. « Malgré l’époque que nous vivons, où la rentabilité l’emporte sur les personnes, où le rythme de vie devient trop rapide, et les rapports humains superficiels, vous avez su privilégier des valeurs importantes, telles la solidarité, l’amour et la famille. Et n’est-ce pas là, la vraie vie ? Continuons à maintenir avec force, ce pont que nos aïeux ont construit, afin que le traversant, d’un côté comme de l’autre nous nous sentions comme chez nous ». On ne peut que souscrire totalement à ces propos

A Rodez de nombreuses manifestations ont eu lieu durant ce mois argentin. La journée inaugurale qui s’annonçait somptueuse, avec des cavaliers « gauchos » et de carrioles a été complètement gâchée par des trombes d’eau. L’exposition du très renommé peintre SEGUI,(le Picasso Argentin) a connu un très grand succès avec près de 5500 visiteurs. Le Quarteto CEDRON, très bon spectacle musical a rempli la MJC (les bénéfices étant pour l’envoi de médicaments à l’hôpital de Pigüe complètement démuni).
D’autres nombreuses manifestations se sont déroulées, des expos photos, projection au cinéma de films argentins, théâtre à la MJC, démonstrations de tango, lectures à la médiathèque…
A la fin de leur périple aveyronnais, M et Mme Grenada étaient vraiment enthousiasmés  par leur séjour, l’accueil, la dynamique « aveyronnaise », qu’ils retrouvaient dans le caractère des Piguenses, particulièrement émus par leur passage à Saint Côme et Conques.

A l’assemblée générale de Rouergue Pigüe, en décembre, tout cela a été relaté. C’était aussi un événement considérable pour l’Association, âgée de 20 ans et créée alors par Jean Raymond Palous suite au 100ème anniversaire.